Moyen Âge et Renaissance : un meuble réservé à l’élite
Le succès de la chaise comme meuble d’apparat se fait plus évident encore au cours du Moyen Âge. En Europe, peu de gens possédaient ne serait-ce qu’une seule chaise. Selon les lieux, publics ou privés, le peuple se contentait de banc et de tabourets. Ce n’est pas sans raison que les trônes furent d’absolues reprises de la chaise née dans l’Antiquité. Ils en conservèrent les codes esthétiques pour les accentuer au gré des désirs de la royauté en place ou bien de l’évolution des outils et du savoir-faire des ébénistes.
Les rois se réservèrent longtemps le privilège de la chaise. Pour autant, il serait facile d’imaginer que leur position assise était plus confortable que celle du petit peuple. Majoritairement en bois résistant, constitué d’une assise étroite et d’un haut dossier, la chaise médiévale est aussi austère au regard qu’à l’usage ! Nobles et clercs se sont peu à peu octroyé le bénéfice de la chaise non comme meuble agréable mais comme mobilier digne de leur rôle au sein de la société.
La Renaissance apporte une embellie tant au niveau des techniques que des matériaux employés. Le travail du bois offre l’opportunité de passer commande de chaises qui ne ressemblent pas à celles du voisins et apportent une vraie touche décorative à un intérieur. Le cadre de bois se pare de motifs variés et se marie au tissu, à la tapisserie, au rembourrage ô combien salvateur en crin ou en jonc. Toujours représentative, la chaise devient un vrai meuble utile et confortable qui entre dans les demeures bourgeoises au moins avec autant d’éclat que dans les châteaux de la noblesse.
Les styles sont en revanche rapidement définis par les souverains, surtout en France. La Cour et le roi imposent des codes plastiques qui portent le nom d’une époque ou d’un souverain. Les styles mobiliers français sont, dès lors, définis comme celui de Louis XIII, de Louis XIV, de Louis XV, etc. Reprenant des bases communes, ils affirment, chacun leur tour, le goût d’un règne.
Le style Louis XIII
Le confort intègre la chaise qui se compose d’un dossier bas, de rembourrage fait de pelotes en crin ou en jonc/rotin, d’un revêtement en tissu, en tapisserie ou en cuir. Le bois est travaillé sur un tour de telle sorte que l’artisan peut styliser une colonne spiralée sur une entretoise en H pour garantir stabilité et robustesse à l’ensemble. Mais ce piètement peut aussi être travaillé en console (forme en S) ou balustre (évoquant une colonnette enflée).
Le style Louis XIV
Le dossier s’allonge et l’assise s’élargit. La touche personnelle se retrouve dans l’ajout de passementerie (décoration brodée sur tissu) ajoutée au couvrement et un piètement encore plus travaillé, plus fin, suivant ce qui fut nommé le modèle de pied en « os de mouton ». La forme de l’entretoise change progressivement pour passer du H au X.
Le style Régence
Un certain renouvellement s’opère à cette époque (1700-1730). La chaise gagne en légèreté et en originalité avec une plus grande variété de formes. On voit ainsi la naissance d’une forme cintrée, d’un dossier moins haut et arrondi aux angles, une traverse d’assise sculptée en motif géométrique et des pieds cambrés de telle sorte que l’entretoise devient inutile.
Le style Louis XV
Les nouveaux partis pris esthétiques poursuivent leur conquête de la chaise. Le meuble est encore allégé et ce malgré l’introduction d’un style rococo présageant une décoration chargée. Le dossier se fait concave, les pieds et traverses imitent de fines moulures et sculptures asymétriques figurant des végétaux de toutes sortes. La peinture sur bois, dans des tons clairs, renouvelle le matériau lui-même.
L’histoire de la chaise se poursuit avec les styles Directoire, Restauration, Empire et Second empire qui jouent avec ces codes établis, chacun optant pour une austérité retrouvée ou une ostentation de formes, de couleurs, de techniques et de matériaux variés.